J’ai perdu toutes mes données

Quand on pense au minimalisme, on imagine d’abord une pièce épurée, libre de tout objet superflu. Mais on peut aussi transposer cette réflexion à notre vie numérique.

Je viens de vivre une expérience de minimalisme extrême forcé. Une minimalisation numérique plus précisément. L’équivalent matériel aurait été d’avoir vidé tout le contenu de mes garde-robes, de mon sous-sol et de mon garage dans un gros conteneur à ordure. J’ai par accident formaté à la fois mon ordinateur portable et mon serveur de fichiers (NAS). J’ai perdu 98 % de mes fichiers sur la Terre: photos des 10 dernières années, souvenirs, musique, documents fiscaux, mémoire de maîtrise, NAME IT.

Quand j’ai réalisé l’ampleur de la perte, j’ai d’abord figé. Je n’aurais jamais eu le courage de tout effacer d’un seul coup et je suis désormais devant le fait accompli. À 6 h du matin dans la cuisine, je me mis à questionner ma panique naissante. Mon fils et ma blonde dorment encore paisiblement. Je constate que suis la même personne que la veille. Contre toute attente, tous ces fichiers que j’avais soigneusement archivé n’étaient en fin de compte pas essentiels à ma vie. Ultimement on pourrait m’enlever tous mes objets physiques ou virtuels et je serais encore moi-même, complet.

Et vous, est-ce que votre vie numérique est encombrée ? Aimeriez-vous la simplifier ?


Comment j’ai perdu toutes mes données

Une suite d’actions anodines m’a mené à la catastrophe. Je vous partage comment j’ai virtuellement tout perdu dans le but de vous éviter la même erreur, aussi improbable soit-elle.

Notre ordinateur n’est pas récent. C’est un Thinkpad T420: une machine robuste et conçue pour durer. Mais 8 ans en informatique c’est très long et Windows7+Chrome étaient devenus trop lents. Tanné des distributions de linux si chargées en paquets qu’elles deviennent aussi lentes que Windows, j’ai décidé d’installer OpenBSD sur mon ordinateur et d’activer uniquement les modules essentiels. Le but étant d’avoir un environnement de travail minimaliste avec le minimum de logiciel requis pour fonctionner: aller sur la toile, rédiger des courriels, écouter du multimédia ou écrire cet article.

Je voulais installer OpenBSD sur une partition libre et avoir un dual boot pour choisir entre les deux OS. Dans fdisk, je me suis trompé de commande et j’ai alloué tout l’espace à OpenBSD en effaçant la partition Windows. J’ai continué en me disant que mes fichiers vraiment important étaient sur mon FreeNAS avec deux disques durs en miroir (RAID-1).

J’ai ensuite monté mon disque réseau en utilisant NFS sur le dossier /tmp plutôt que dans /mnt en suivant un exemple trouvé sur internet. J’ai configuré le montage du disque en lecture/écriture au démarrage dans /etc/fstab.

OpenBSD étant un des OS les plus sécuritaires au monde, lors du redémarrage le système efface systématiquement le contenu de /tmp. Comme mon NAS était monté dans ce dossier, toutes mes données ont été effacées sans que je le vois venir.

En résumé mon erreur a été (1) de ne pas monter mon disque réseau dans /mnt comme à l’habitude et (2) de ne pas avoir un backup en cas de perte des deux disques durs simultanément.

2 Responses

  1. Désolé pour tes données.

    J’ai perdu mes données il y a 10-15 ans dans une circonstance similaire. Des fois, j’aimerais retrouver tel ou tel projet que j’avais fait à l’université, mais à part ça, je ne m’en suis pas trop mal porté 🙂

    A la suite de l’événement, je me suis mis à faire des backups. Mais j’ai réalisé que je ne pouvais pas vraiment me fier à moi, je suis trop paresseux, je deviens négligent ou trop confiant dans la vie. Alors je me suis setté de la façon suivante:

    1) tous les documents importants vont dans Google Drive ou Dropbox: de toute façon, ça les rend accessible sur tous mes devices. Je truste + Google d’assurer la sécurité de mes données et leur backup que ce que je peux faire moi-même raisonnablement
    2) mon ordi de salon est un mac, qui se backup tout seul comme un grand et qui possède out-of-the-box le meilleur outil de backup j’ai jamais utilisé. On peut même visuellement voir le contenu d’un répertoire, scroller la timeline et voyager dans le temps, en voyant exactement la séquence de changements dans le répertoire pour aller chercher la bonne version du fichier backuppé.. faut l’avoir utilisé pour comprendre 🙂
    3) mon ordi de travail est un serveur Ubuntu. C’est lui le lien faible, parce que c’est pas facile sous Linux de bien backupper ses affaires. J’essaie de travailler le plus possible «dans le cloud». Quand j’ai perdu toutes mes données, c’était, moi aussi, sous linux… j’avais d’abord scrappé un disque, et ensuite j’ai scrappé mes partitions de mon disque de backup en essayant de le repartionner pour libérer une partition pour m’en servir comme boot disk pour essayer de réparer l’autre… mauvaise idée j’en conviens 🙂

    1. Mon système de backup était robuste contre des défaillances matérielles mais pas humaines. Dès qu’un disque dur montre un signe de défaillance, FreeNAS m’envoie un courriel automatiquement. Comme les disques sont en miroir, je peux remplacer un des deux disques et dupliquer le contenu du disque «sain» vers le nouveau disque. En 5 ans j’ai eu deux bris de disque sans perdre de données. Le hic, c’est que comme tu dis, je risque plus de faire des erreurs que le groupe TI de Google. Je me suis fait confiance et ne me suis pas protégé contre les erreurs humaines (les miennes!).

      Suite à 1) Je fais peut-être fausse route, mais je ne fais pas 100% confiance à Google ou Dropbox pour sauvegarder mes archives d’impôt, mes papiers de santé ou photos personnelles. Ces serveurs ne sont pas totalement à l’abris des piratages. Il suffit de penser aux nombreux vols récents de documents et photos de célébrités. Mais encore une fois, est-ce que mon petit réseau privé est plus sécuritaire que celui administré par les TI de Google ? Aussi, ce sont des compagnies privées qui pourraient faire faillite ou du jour au lendemain cesser leurs activités. Qu’arrivera-t-il alors de mes données ?

      Suite à 2) J’ai déjà eu un Mac et utilisé la fonction Time Machine de OSX. Sur FreeNAS, une fonction similaire existe et permet de créer des «snapshots» périodiques des dossiers. Mais comme je me faisais aveuglement confiance, je n’ai pas activé cette fonctionnalité. Si j’avais activé cette fonction, j’aurais pu tout simplement revenir à l’image de la veille de mon archive et inverser mon effacement des dossiers…

      Donc voici les corrections que je vais apporter à ma stratégie d’archivage:
      a. Activer les snapshots automatiques pour pouvoir annuler toute suppression ou modification accidentelle de fichier.
      b. Créer une autre archive synchronisée, mais localisée ailleurs que dans mon sous-sol (chez un membre de la famille par exemple). Ceci pour me protéger d’une faille simultanée des deux disques durs de mon NAS, ou d’une innondation ou d’un incendie de mon immeuble.

      Suite à 3) Je travaille sur un portable mais tous mes fichiers sont (étaient) sur mon serveur qui est une tour dans le sous-sol sur le réseau de la maison. Il sert aussi de serveur de téléphonie IP et de serveur web. C’est mon «cloud» privé en quelque sorte. Que je sois dans Windows, Linux, sur le Ipad, les fichiers sont sur le NAS. Ça sépare les «données» du système d’exploitation ou du client. Sur ma tour, FreeBSD roule sur un disque SSD, et les données sont sur le raid miroir encore là pour isoler les données de l’OS. Je peux upgrader/réinstaller mon OS sans risquer les données du RAID.

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