J’ai peur de perdre mon emploi

Depuis quelques jours je découvre pour la première fois ce qu’est la peur de perdre son emploi.

Sans entrer dans les détails, je travaille pour une multinationale oeuvrant dans une industrie particulièrement touchée par la pandémie. Mon employeur a déjà mis à pied des centaines d’ouvriers d’usine en mai. Ceux qui sont restés on subit une réduction de la semaine de travail à 4 jours. Il y a même déjà eu une vague de départs volontaires à la retraite en octobre. Mais on nous a appris cette semaine que toutes ces mesures ne suffiront pas et que d’autres coupures viendront pour assurer la viabilité à long terme de l’entreprise.

Cela fait 10 ans que je travaille pour la même compagnie. En fait je n’ai jamais eu d’autre employeur à titre d’ingénieur car j’y ai trouvé un poste directement après mes stages. J’ai bâti avec les années des liens solides avec plein de gens à travers l’organisation. Je m’y sens tellement chez moi que j’en suis venu à me croire en sécurité, que mon poste ne serait jamais menacé.

Mais il ne faut rien prendre pour acquis. J’avais oublié que je n’étais qu’une ligne dans un fichier excel. Le couperet va-t-il tomber en revenant des vacances ou plus tard à l’automne ? Quel pourcentage des gens seront congédiés ?

Je me rend compte que je n’ai pas de plan B et je me trouve idiot de ne pas avoir une autre carte dans ma manche. Je n’ai pas développé d’autres sources de revenus ce qui me rend vulnérable. Je suis devenu l’incarnation du salarié hautement spécialisé décrit par Jacob Lund Fisker.

En même temps qui aurait prévu une pandémie ? Il nous reste 9 ans au minimum avant d’atteindre l’indépendance financière et je ne peux pas aller bien loin avec mes 200 000 $ de REER générant 8 000 $ de revenus passifs.

Je dois trouver des façons d’incorporer de la résilience dans mon plan.

6 Responses

  1. Ces appréhensions sont partagées par tous ceux, et celles, qui travaillent dans les entreprises privées. Est-ce le prix à payer pour un salaire plus important dans le privé que dans le public ? Ces comparaisons font l’objet d’échanges lors des rencontres de familles car Jean-François est ingénieur en informatique pour une compagnie britannique et Charles est ingénieur en travaux publics pour la ville de Sainte-Hyacinthe. Malgré son poste à sa municipalité, Charles gagne moins cher que son frère et, semble-t-il, que ça continuera longtemps comme ça.
    Ayant été enseignant toute ma vie, j’ai pu comparer mon salaire à ceux des institutions privées. Jamais nous avons dépassé leur salaire et avantages sociaux, même en comparant des comparables, soit en soustrayant ce que nous devions ajouter en terme de contributions au syndicat et tutti quanti…

    1. Bonjour André!
      Tu as bien raison de dire que nous avons de très bons salaires et avantages au privé et je suis bien content d’avoir profité des années fastes pour en mettre un maximum de côté comme la fourmi de la fable. D’ailleurs je ne m’en plaindrai pas, bien que la situation actuelle prouve bien que la sécurité d’emploi a un prix! On se croise les doigts pour la suite des choses. Je reste lucide et on va passer au travers de tout ça en famille et je compte bien vivre plus vieux que ce cycle économique..

  2. Je crois que bien des gens ne voient pas encore l’ampleur de la crise et ses conséquences à long terme, qui affecteront particulièrement certains secteurs économiques si importants au Québec. Les risques qui pèsent sur ton emploi en sont un parfait exemple.

    Mais comme tu dis, tu es sans doute en bien meilleure posture financière que bien des gens dont l’emploi ne semble pas menacé à court terme. J’ai souvent utilisé l’argument auprès de gens qui doutent de la retraite jeune (de la possibilité d’y arriver), notamment à cause des risques économiques imprévisibles: raison de plus pour viser une retraite jeune. C’est exactement ça qui est visé: l’indépendance.

    Alors même si c’est pas une indépendance totale qui permet d’ignorer cette menace d’un haussement d’épaule, même si le plan pourrait être compromis, ça reste un maudit bon plan à avoir…

    Ceci dit, je te souhaite que la tempête passe, des fois y’a une tornade qui détruit tout un village et quelques maisons sont totalement épargnées (je sais pas pour les tornades, en fait, je viens d’inventer ça pour avoir l’air philosophe, mais pour les jobs y’a presque toujours une bonne part de survivants, on est content de ne pas être passé à la guillotine, mais on regrette quand même les autres têtes qui sont tombées). Bonne chance avec la suite!

    1. Merci pour les mots d’encouragement! Il faut effectivement garder la tête froide et rester positif. Tant que je suis dans le bateau, je vais ramer avec mon équipe. Attends, à moins que je n’entende la musique de l’orchestre et que je sois sur le Titanic en train de sombrer! Une autre image boiteuse.

      En effet viser l’indépendance financière est un sacré bon plan et à ses détracteurs je retourne la question suivante: «Qu’elle est l’autre option ? Ne pas avoir de plan et attendre des chèques du gouvernement?». C’est pourtant ce qui se produit mais l’aide du gouvernement se tarira bien vite. Bientôt 20% des propriétaires canadiens auront demandé le report de paiement d’hypothèque. On pousse la poussière en avant et on espère que la crise sera résorbée dans 6 mois mais on se met une poutre dans l’oeil. Il suffit de suivre les annonces économiques et la progression du virus au sud de la frontière pour réaliser que nous entrerons à l’automne dans une toute autre crise.

      On reste positifs et si jamais je perd mon emploi, je passerai un peu plus de temps en famille, repousserai notre projet d’indépendance de quelques mois et finirai par trouver un nouvel emploi. Nos 200 000 $ de REER sont à nous et on ne peut pas nous les enlever. Ils travaillent pour nous même quand on dort. Nous avons déjà posé les premières pierre de la route qui nous mènera vers notre liberté! Bon assez d’allégories et bonne soirée !

  3. En effet votre 200 000 de réer est bien a vous, contrairement à la personne qui est au public et qui peut se voir amputer une bonne partie de son fond de pension sans pouvoir rien y faire…

    Contrairement à bien des gens, vous avez profiter d’un salaire plus élevé au privé pour en mettre de côté. Mcsween a déjà dit que si tous les travailleurs plaçait dès leur première paye le même montant que les gens de la fonction public (ailleurs que dans des obligation à 0,15%) ils auraient une très belle retraite (en plus d’avoir le contrôle sur la totalité du moment, contrairement au public). Il y a des avantages dans les 2 côtés et à mon avis, il faut choisir ce qui fait le plus notre affaire ou ce qui nous dérange moins… plutôt que de passer sa vie à chialer sur ce qu’on les autres…Pis ce n’est pas vrai que tous les fonctionnaires sont paresseux… aller dire cela à nos anges qui travaillent d’arrache pied depuis le début de cet épisode.

    1. Je ne pense pas que c’est une question de paresseux versus travaillants, mais plus de risque et de sécurité d’emploi. Comme tu dis, il y a des avantages et inconvénients des deux côtés. Il faut savoir faire le meilleur de sa situation. Ce qu’on gagne en salaire et avantages au privé on le perd en sécurité d’emploi. Ils ont coupé plus de 900 emplois dans mon usine depuis mars et ils vont couper un autre 20 % des postes d’ici Noël. Aux dernières nouvelles le gouvernement n’a pas coupé un seul fonctionnaire à cause de la COVID. Encore une fois je ne me plains pas. Nous avons été plus futés que la plupart de nos collègues et avons mis de côté beaucoup à un jeune âge. Mais encore là quand on regarde dans le rétroviseur, on aurait pu commencer avant 30 ans mais on a vécu d’autres aventures.

      Oui chapeau aux travailleurs de la santé et à tous les autres commes les enseignants qui s’exposent tous les jours dans les écoles infectées. Nous avons le luxe de pouvoir travailler de la maison en sécurité.

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