L’art de se déresponsabiliser II

C’est le dernier article de Fire Trekker qui m’a inspiré cette réflexion et je vous encourage à le lire!

Dans son article elle aborde la facilité avec laquelle les gens se déresponsabilisent de leurs situation financière. Les gens ont toujours une bonne raison pour expliquer leurs dettes accumulées et leur incapacité à les rembourser:

Je ne faisais pas autant d’argent que toi à ton âge

– Un collègue qui possède un chalet

Moi je vais offrir des souvenirs à mes enfants avec un VR et un tracteur

– Un papa qui n’achète pas de REEE à ses deux enfants

Les maisons sont pas achetables en ville. Je vais m’acheter une maison neuve à Saint-Constant à 600 000 $ et une deuxième voiture à la place

– Un collègue de travail soucieux d’avoir une grande cours

L’école de quartier ne convient pas, je vais les envoyer au primaire au Collège Français à 9 000 $ par an

– Un papa qui n’achète pas de REER

Se sortir rapidement de la boue

Quand nous avons commencé notre réflexion puis notre prise en mains de nos finances personnelles, nous avions 30 ans et 38 000 $ sur nos marges de crédit étudiantes en plus d’une dette de 7 000 $ avec les prêts et bourses. En 14 mois nous avons payé notre marge de crédit au complet en coupant nos dépenses mensuelles de 1 471 $ et en vendant nos deux voitures ainsi que nos objets de valeur.

Accepter l’inconfort

À 18 ans j’avais quitté le nid familial, je louais un demi sous-sol sur Saint-Denis avec deux colocs. J’ai ensuite déménagé 8 fois en 7 ans. À 18 ans je payais déjà toutes mes dépenses de vie et d’étude sans aucune aide financière de mes parents. J’avais des sessions de 18 crédits à l’université en plus de travailler dans la réserve de l’armée et une deuxième job de gardien de sécurité de nuit la fin de semaine. Pour travailler, je squeezais mes cours dans un horaire de 3 jours et demie en choisissant volontairement des groupes avec conflits d’horaire. Je manquais de sommeil sévèrement, je n’allais pas aux party et j’étais inconnu des clubs étudiants. J’entends encore la sonnerie «Hello Moto» de mon cellulaire Motorola qui me réveillait après 4 heures de sommeil pour aller faire mon deuxième quart de 12 heures en ligne au centre d’achat. Je suis traumatisé à vie par cette sonnerie.

Je ne suis pas un héro et je ne crois pas au mythe américain du «self made man». Il y a une mère, un père, une famille, des voisins, des amis derrière chacun de nous. Mais ultimement, c’est nous qui agissons. Pas les autres. Le bon vieux slogan «quand on veut on peut» s’applique bien ici.

REEE ou laisser 30 % de rendement sur la table

Même si j’ai payé à 100 % mes études, livres, appartements, passe d’autobus, linge, souliers avec l’argent de ma poche, mes enfants ne sont pas obligés de subir le même sort. Mes parents avaient la mentalité que je devais travailler pour mon argent mais je peux faire mieux. Nous cotisons au maximum au REEE des deux enfants et au REEI (Régime d’épargne enregistré invalidité) de notre enfant handicapé. Vaut mieux prévenir que guérir puisque personne n’agira à notre place.

En plus, qui serait assez fou pour laisser de l’argent sur la table, quand le gouvernement nous donne 30 % de rendement instantané ? À en croire plusieurs de mes amis avec des salaires proches de 100 000 $, ils n’ont pas assez d’argent pour maximiser le REEE ou pire, simplement cotiser à un REEE. Ils ont acheté un véhicule récréatif à la place pour offrir des souvenirs à leurs enfants. Le REEE peut attendre, on s’en va à Disney World !

Suivre le troupeau

Sur la complaisance, l’aveuglement et la paresse des gens, c’est la mentalité humaine de se fier au troupeau pour que les changements inconfortables se produisent, plutôt que de faire un véritable travail d’introspection et opérer des changements sur soi. Voici un exemple:

Nous avons acheté le duplex il y a 9 ans. Il y a deux ans j’ai mobilisé tous les voisins de la ruelle pour en faire une ruelle verte. Nous avons signé des pétitions, fait du porte à porte, négocié des accommodements avec des voisins réticents au projet. Nous avons tenu plusieurs rencontres en soirée pour discuter des différents scénarios proposés par la ville, se donner une thématique, un nom original, choisir les végétaux et l’arbre. Une fois les travaux d’excavation réalisés par l’entrepreneur, nous avons planté les végétaux et tout l’été je désherbe, ajoute du paillis quand les promeneurs de chiens laissent leur animal fouiller, arrose en temps de sécheresse. La ruelle est maintenant fleurie et deux arbres commencent à faire de l’ombre sur ce qui était auparavant un désert de béton.

Récemment, l’ancienne propriétaire est venue faire un tour dans la ruelle. Elle a dit sur un ton léger: «avoir su que la ruelle deviendrait si belle, je serais restée».

La ruelle verte n’est pas apparue par magie, et encore moins par le dévouement des cols bleus de la ville de Montréal. La remarque de l’ancienne propriétaire montre à quel point les gens ne regardent que le résultat et ne reconnaissent pas le travail qui se cache derrière un succès. Il ne savent pas qu’on a coupé notre temps de sommeil, notre temps de loisir, notre temps de famille et de couple pour améliorer notre situation.

On a une seule vie

Je fais ce parallèle avec notre ruelle car je vois la même réaction chez les gens face à nos «succès» financiers. Les gens ne voient que la finalité, notre chiffre en banque, mais ne conçoivent pas les sacrifices qui se cachent derrière. Il faut laisser les gens parler pendant que nous, nous agissons. Nous avons une seule vie, une seule chance. Netflix et Facebook attendront car j’ai mieux à faire.

2 Responses

    1. Bonjour Simple Millionnaire, je ne partage pas votre idéologie. Je crois que nous sommes tous victimes du 1 % et du système qui maintient l’élite en place. Mais je n’ai pas à m’excuser pour la couleur de ma peau et ce n’était pas le sujet de mon article. Je vous prie d’élaborer si vous y voyez un lien pertinent. L’auto-flagellation, non merci.

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