Facebook et la sobriété numérique

Je viens de supprimer mon compte Facebook. J’y songeais depuis plusieurs mois mais je n’osais jamais passer à l’acte. J’avais peur de rater des évènements ou de recevoir des nouvelles d’amis éloignés. Mais le bruit de fond étant devenu si intense qu’il cachait le message, j’ai simplement «tiré la plogue» pour prendre une bouffée d’air frais.

C’est l’écoute d’une entrevue avec Matthieu Dugal à Gravel Le Matin qui m’a donné la poussée dans le dos qu’il me manquait pour fermer définitivement mon compte. https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/chronique/98788/gravel-matin-chronique-matthieu-dugal-facebook-opinion

Nous sommes le produit

J’ai joint Facebook il y a 10 ans comme la vaste majorité de mes congénères. Ce réseau social qui compte maintenant plus de 1 milliards de profils est une des plus grosse machine «intelligente» de la planète. D’ailleurs Mark Zuckerberg ne cache pas ses intentions et sponsorise des recherches controversées en intelligence artificielle, décriées entre autre par feu Stephen Hawking et Elon Musk. Ses algorithmes d’apprentissage profonds compilent et analysent tous nos comportements en ligne afin d’anticiper nos prochaines actions et nous maintenir connectés le plus longtemps possible, captifs de nos écrans. Facebook vend aux entreprises notre ressource la plus précieuse : notre attention, que l’on nomme dans le monde publicitaire le «Temps de cerveau humain disponible«.

Une multitude de mécanismes sont mis en place afin de nous maintenir branchés et à l’affût de la prochaine nouvelle. Par exemple, les «likes» et les commentaires nous sont envoyés progressivement afin que nous ayons des notifications de façon périodique, nous rabattant sans cesse sur Facebook comme du bétail qu’on rappelle à l’ordre.

Une activité chronophage

La perte de temps est pour moi la pire conséquence des réseaux sociaux. Dans nos vies trépidantes, étirés entre le travail, le métro, la préparation des repas, les réparations de la maison, les commissions, il nous reste déjà peu de temps de cerveau humain disponible. Chacune de ces précieuses minutes (et souvent heures) données passivement à Facebook est en fait un sacrifice du temps alloué à la famille, au couple, pour faire du sport ou un projet personnel. Il y a un nombre fini de minutes dans une semaine.

La chambre d’écho

Facebook nous met en relation avec nos semblables idéologiques et nous prive de relations avec les gens pensant différemment de nous. Les algorithmes de Facebook nous renvoient du contenu de deux principaux types: (1) ce qui touche nos intérêts et (2) ce qui nous indigne. Les deux ont pour fonction de nous maintenir rivés à nos écrans. Par exemple, le sujet de l’environnement m’intéresse et me préoccupe à la fois. Mon fil d’actualité est donc rempli d’annonces positives (groupes zéro-déchets, voitures électriques, projets de capter le plastique en mer) et d’annonces négatives (braconnage des baleines en Islande, effondrement des populations d’insectes, changements climatiques). L’effet est le même pour vos positions politiques. Que vous soyez ouvertement indépendantiste ou fédéraliste, de gauche ou de droite, on vous présentera du contenu adapté à vos intérêts.

Abandon du libre arbitre

La prétendue ingérance russe dans l’élection du dernier président américain démontre à quel point les réseaux sociaux peuvent être utilisés par des organisations afin d’influencer l’opinion des masses en produisant du contenu finement ajusté aux algorithmes, renvoyant un message ciblé à la population. Facebook est donc devenu un véritable outil d’ingénierie sociale. Des études montrent qu’un grand pan de la population abandonne les médias traditionnels pour s’informer via les médias alternatifs.

Insignifiance généralisée

La plupart des discussions sur Facebook ont un ton léger et sont vides de sens. Pouvez-vous me résumer les 5 dernières discussions pertinentes que vous y avez eu ? Il semble y avoir très peu de decorum. Les gens ne prennent pas au sérieux leurs écrits, ce qui se traduit par des discussions interminables remplies de fautes d’orthographe et d’émoticones. Enfin, les trolls sont toujours prêts à sauter sur une conversation pertinente pour en gâcher le contenu et faire taire les protagonistes. 

L’éphémérité de nos écrits

Contrairement à ce que nous écrivons sur ce blog, nos messages et publications sur facebook se perdent dans les archives du service, les rendant inaccessibles à toutes fin pratiques pour référence future. Je ne veux plus perdre mon temps en écrivant dans ce puis à idées sans fond.

Comment vais-je vivre sans Facebook ?

Je vais vivre comme je vivais en 2007: communiquer par courriels et textos à mes amis et utiliser plus souvent le téléphone pour rejoindre mes proches. Je suis confiant que je saurai meubler mon temps avec des rencontres plus humaines et significatives. 

6 Responses

  1. Il y a longtemps que je dis ça mais personne ne m’ecoute… google, facebook etc se servent de nous pour mieux nous controler et nous explloiter.. nous leur donnons, en echange de presque rien, un filon d or a exploiter : la.nature humaine en données!
    Nous leur offrons le.saint-graal
    Je j’ai plus facebook depuis 2011

  2. Un petit mea culpa à faire, je travailles en gestion de communauté. Je passe donc toutes mes journées sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram.

    Et également avec mes collègues, afin de rédiger les différentes stratégies afin de mieux comprendre nos communautés, les rejoindre, et engager la discussion.

    Cela étant dit, cet article me rejoint beaucoup, puisque je lutte, matins, soirs et fins de semaine, afin de passer un peu moins de temps sur les petits écrans.

    Il y a quelques années, j’ai débranché mon téléphone intelligent. Je n’avais qu’Internet au bureau et à la maison. Lorsque j’étais avec mes amis, la famille et en transport, j’étais complètement déconnecté. Je me sentais plutôt bien, libre. J’ai réussi à vivre ainsi plus de 3 ans. Depuis peu, je me suis rebranché (je béta-teste Fizz, à 6$/mois), à la suite d’une invitation d’un marketeur de mon réseau.

    Ça fait bientôt deux mois que j’ai du réseau, de l’Internet, tout le temps, partout. Ce que je me suis rendu compte, ce que je « souffre » d’une dépendance aux notifications, reliées à l’usage de ce téléphone intelligent.

    Au moins, je me console, je vais bientôt me désabonner. La beta achève un peu après Noël. J’espère retrouver cette quiétude à laquelle je me suis habitué. Mais devrais-je à tout le moins garder une ligne téléphonique, au cas où?

    1. Bonjour Sylvain !

      Ton commentaire m’a rappelé que j’avais un compte Instagram que je n’utilisais pas. Je l’ai fermé aussi, merci !

      Il y a deux ans j’ai coupé mon plan données sur mon cellulaire (https://lesingenieux.com/2018/08/07/comment-on-a-rembourse-38-000-de-dettes-en-14-mois/). Depuis, j’ai internet seulement en présence de wifi. Je ne le regrette pas ! Les fabricants de cellulaires et les compagnies d’applications mobiles engagent des milliers d’ingénieurs, de graphistes et de sociologues/psychologues pour rendre leurs applications toujours plus attrayantes et essentielles pour nous pauvres humains faillibles. Chaque détail est étudié, jusque dans les couleurs des icônes. J’ai essayé d’enlever l’application Facebook par exemple et ne garder que Messenger. Mais je finissais toujours par retourner sur Facebook car les liens dans Messenger amenaient à Facebook.

      D’ailleurs dans ton cas, si tu es obligé de recevoir des notifications dans le cadre de ton travail, tu pourrais mettre ton téléphone en noir et blanc plutôt qu’en couleur. Il y a un réglage sur les Iphone et Android pour cela. Ça marche très bien et rend l’écran beaucoup moins attrayant ou dérageant tout en maintenant la fonctionnalité. Tu pourrais essayer cela ! Le petit chiffre rouge en haut de l’icône FB deviendra gris.

      Un autre truc est d’aller dans les paramètres de toutes tes applications (courriel, balado, etc) et désactiver toutes les notifications non essentielles.

      La prochaine étape est de sortir les écrans de la chambre à coucher. Par exemple, charger son téléphone dans la cuisine plutôt que sur la table de chevet. Une fois dans le lit, tu peux soit lire, dormir, ou faire d’autres activités ne requérant pas d’application mobile.

      Nous avons un bon vieux téléphone à combiné sans fils à la maison avec une boîte vocale. Pas de notifications à part le message laissé par la belle-mère ou la clinique. Pour Noël fais-toi un cadeau et désencombre ton espace mental ! Je me sens tellement mieux et un peu plus libre depuis que j’ai fait ces changements.

      1. Salut L’ingénieux,

        Je me rends compte que je n’avais pas répondu à ta réponse.

        Sortir les écrans de la chambre à coucher, c’est un succès! Nous laissons tous nos téléphones au rez-de-chaussée, depuis Noël. Nos appareils n’ont pas le droit de grimper à l’étage.

        Je me suis également désabonné de nombreuses infolettres, de pages et de comptes dans mes médias sociaux.

        Ça fait du bien!

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